Une passerelle après la prison
La Ferme de Moyembrie accueille des hommes, sous écrou, qui bénéficient d’un aménagement de leur peine en « placement extérieur », en moyenne pour 9 mois. La Ferme porte une attention particulière aux personnes isolées et fragilisées, quels que soient la durée et le motif de l’incarcération. Un regard neuf est posé sur chacun, pour qu’il puisse prendre un nouveau départ.
Chaque année, une cinquantaine de personnes en placement extérieur passent par la Ferme de Moyembrie.
Un travail gratifiant pour reprendre confiance en soi
La ferme de Moyembrie est reconnue structure d’insertion par l’activité économique. Tous les résidents sont embauchés en contrat d’insertion de 20h hebdomadaires.
Tous travaillent aux activités de la ferme : maraîchage, élevage de chèvres et poules pondeuses, fabrication de fromages et yaourts, entretien des bâtiments, des véhicules et des machines, et cuisine.
Aucune compétence n’est pré-requise mais la démarche est professionnelle et les enjeux économiques sont réels. La ferme, certifiée en agriculture biologique, doit notamment fournir 140 paniers de légumes par semaine toute l’année.
Ainsi, le travail permet progressivement de prendre des responsabilités et des initiatives. C’est aussi un travail respectueux de la terre et des humains, dont les résultats sont motifs de fierté. Prendre soin de la terre et des animaux est une invitation à prendre soin de la vie, de soi et des autres.
Une vie en communauté pour réapprendre le vivre ensemble
Les résidents disposent tous d’une chambre individuelle dont ils ont la clé, qui permet de retrouver l’intimité mise à mal par la prison. Ils peuvent y accueillir leurs proches en visite et renouer ainsi des liens essentiels.
Avec les encadrants et les bénévoles, ils partagent aussi la vie quotidienne, les repas, les tâches de la maison. Favorisant la convivialité et l’organisation collective, la ferme de Moyembrie vise la responsabilisation de chacun vis-à-vis des autres et du monde extérieur.
Un accompagnement individuel
L’objectif prioritaire est que chacun retrouve l’estime de soi, l’envie et l’autonomie pour élaborer un projet pour l’avenir. L’accompagnement est global, adapté aux situations individuelles. Chacun est encouragé à avancer sur les sujets qui lui sont prioritaires : situation administrative, soins, liens avec ses proches, formation, projet professionnel, logement, etc. Il est orienté vers les bons interlocuteurs et soutenu dans ses démarches.
Enfin, les activités et sorties proposées visent une ouverture au monde extérieur indispensable à la réinsertion et un ré-apprivoisement du regard de l’autre.
La vie c’est un train. Et quand tu sors, tu te rends compte que le train ne t’a pas attendu. On peut pas te faire sortir d’une prison avec tes affaires dans des sacs poubelles sur le trottoir, et te dire « ça y est, t’es libre ». Ça c’est une liberté ? Sans sous, sans rien ? Non. Venir un an à la ferme, pour se reconstruire, ça oui, c’est un début de liberté.” Philippe, ancien résident.
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